Publié le Jeudi 2 mai 2024 à 09h00.

Palestine Gaza : la pression monte

La situation à Gaza continue d’empirer et l’offensive terrestre à Rafah, annoncée comme extrêmement meurtrière par le gouvernement israélien, continue de menacer.

 

Les morts continuent de s’accumuler, et la découverte de charniers dans les ruines de l’hôpital Nasser continue de mettre en avant l’aspect génocidaire de cette guerre. Selon plusieurs sources palestiniennes, plusieurs centaines de cadavres auraient été ensevelis — pour certains vivants — par l’armée israélienne au moment de son départ. Certains des cadavres auraient été retrouvés avec des plâtres aux jambes ou des perfusions encore en place. Il y aurait également des personnes tuées à bout portant les mains attachées dans le dos. Toute la lumière doit être faite, et pour cela il faut une enquête indépendante internationale sur place. Enquête que refuse catégoriquement Israël qui continue de bombarder la bande de Gaza sans relâche.

Le rapport de forces international

La pression monte pour l’État colonial : d’une part le rapport Colonna sur l’agence onusienne UNRWA a montré que l’agence qui aide les réfugiéEs palestinienNEs a été accusée sans preuve par Israël d’être une officine du Hamas. Ces accusations avaient conduit plusieurs pays à suspendre leur aide financière à l’agence alors que des millions de personnes — à Gaza mais aussi dans tous les camps de réfugiéEs palestinienNEs — dépendent de cette aide pour leur survie immédiate. À la suite du rapport Colonna, seuls les États-Unis ont confirmé la suspension de leur aide. Les mêmes qui, en même temps que de voter une aide militaire à l’Ukraine, ont rallongé de 15 milliards de dollars l’aide militaire à Israël. Les États-Unis commencent à être bien seuls dans leur soutien inconditionnel à Israël. 

En janvier, la Cour internationale de Justice avait déclaré comme plausible le génocide à Gaza. Une première résolution de cessez-le-feu a été votée par l’ONU le 25 mars, au moment même où le document de la rapporteure spéciale de l’ONU insistait sur un génocide probable. Enfin, le rapport d’Amnesty International, paru le 24 avril, non seulement pointe l’impunité dont bénéficie Israël, documente ses crimes de guerre et dénonce aussi la criminalisation du mouvement de soutien aux PalestinienNEs à travers le monde. 

Enfin, des rumeurs persistantes indiquent que la Cour pénale internationale pourrait délivrer des mandats d’arrêt concernant les principaux dirigeants gouvernementaux et militaires israéliens. La liste des personnes visées est impressionnante : notamment Netanyahou, le ministre de la Défense Yoav Gallant — qui avait parlé d’« animaux humains » — et le chef du cabinet de guerre Herzi Halevi y seraient inclus. Un mandat d’arrêt contre ces personnes obligerait 124 pays à les arrêter et à les livrer à La Haye. 

Mouvement de solidarité et criminalisation

La criminalisation du mouvement social et du mouvement de solidarité avec la cause palestinienne est un signe également de cette montée en pression. Elle se poursuit de plus belle, en France comme ailleurs, mais n’empêche pas la solidarité de s’exprimer.

La contestation se développe partout dans le monde, notamment dans les universités qui est un mouvement qui fait tache d’huile : presque 80 campus américains au moment où nous écrivons vivent des occupations, ainsi que des campus en Europe, au Canada et en Jordanie. Un mouvement antiguerre international se dessine après presque six mois de massacres. 

La crise de légitimité d’Israël est complète. D’autant que le gouvernement le plus à droite de l’histoire de l’État hébreu est de plus en plus contesté par les IsraélieNEs. Depuis quelques semaines, des manifestations se développent pour protester contre la stratégie de Netanyahou.

Accentuer la pression sur Israël

Tout cela explique la relance des négociations et le recul sans cesse de l’attaque sur Rafah (qui peut toujours néanmoins avoir lieu). Elles éclairent aussi les rumeurs de propositions de « fin de la guerre » contre la libération des otages. Il est clair qu’il faut arrêter le génocide en cours et obtenir un cessez-le-feu. Il n’en restera pas moins un monde d’injustices à réparer : la reconstruction de Gaza, mais surtout la fin de la colonisation, la fin de l’apartheid et la justice pour les victimes du génocide. La fin de la guerre ne doit pas signifier le retour à la situation antérieure. Un mouvement se dessine qui met une pression inouïe et inédite sur Israël et ses alliés. Elle doit continuer de monter.