Publié le Dimanche 21 avril 2024 à 11h00.

Nous nous verrons en août, de Gabriel Garcia Márquez 

Éditions Grasset, 2024, 144 pages, 16,90 euros.

Cent pages, c’est très court. Comment les apprécier sans se laisser écraser par l’ombre tutélaire de Cent ans de solitude, qui plane depuis des décennies sur l’œuvre du génial GGM, pape du réalisme magique ?

Champagne ! Higelin appréciait-il les romans de Gabriel Garcia Marquez ? Je l’ignore, mais j’ai lu ce petit livre avec, en tête, la chanson qui scande ce mot : Champagne ! En agosto, nos vemos (titre original), cent pages de fines bulles qui instillent une ambiance marquezienne, de ces petits éclats qui titillent les papilles, y déposent une saveur que l’on reconnaît, unique et enivrante, de poésie caraïbe, d’explosion douce de couleurs latino-américaines.

Ce très court texte vous prend comme une première gorgée du délicieux breuvage — un premier chapitre à l’écriture si pure, incisive et délectable, puis vous le sirotez doucement — surtout, prenez votre temps ! jusqu’à ce que la fin de la coupe s’annonce par des bulles moins vigoureuses, par une fraîcheur moins vive, par une maîtrise moins achevée de la langue et du récit. 

Reste alors à vider le fond du verre, qui vous laisse partagé entre la volonté de profiter pleinement, de laisser s’installer, longue en bouche, la satisfaction d’une dégustation achevée, et l’envie d’une autre coupe... que devaient satisfaire quatre autres histoires mettant en scène Ana Magdalena Bach (à un « n » près, le nom de la femme de Bach !). Mais la maladie et la mort en ont décidé autrement !